Édition 1 Elle est de retour

Elle est de retour

Qui pensait qu’une défaite électorale allait me faire taire? Raté. Me revoilà. Pas sur une pancarte, pas dans une promesse, mais dans un espace que personne ne pourra m’enlever : les mots. Bienvenue dans Le Club des Non-Invitées. Ici, on ne demande plus la permission.

Gatineau

Autrefois une agglomération de villages où tout le monde se sentait à sa place — comme dans une vieille chaussette confortable ou un coton ouaté trop usé pour sortir au magasin, mais parfait pour rester soi-même.

La ville a grandi. A grossi. Et les gens sont venus de partout. Toujours avec ce petit refrain : “je suis ici juste pour un instant”.

Un instant pour faire de l’argent. Bâtir un fonds de pension. Changer le monde — ou du moins, changer ma ville.

Parce que oui, ça fait longtemps que je suis icitte. Et aujourd’hui, les Gatinois “de souche” — appelez-les comme vous voulez — sont minoritaires. 

Et c’est pas un drame. C’est la réalité d’un Québec moderne, qui fait moins de bébés, qui ne va plus à l’église, et qui échange les bancs de paroisse contre des bancs de comités de consultation.

Mais même si on ne contrôle pas qui entre ou qui reste, on peut encore contrôler qui nous représente.

Et j’suis là pour dire : Même si la ville change, on a encore un pouvoir. Et ce pouvoir-là, il est politique.

Depuis 2017, ce que j’ai vu? Ça fait mal à regarder.

  • Une mairesse isolée, bien intentionnée peut-être, mais mal entourée, mal préparée — brûlée par la machine.
  • Un conseil qui freine plus qu’il pousse.
  • Des partis qui jouent à “c’est moi ou rien”, pis qui ferment la porte aux idées qui viennent pas du bon club.

À Gatineau, on n’aime pas la compétition. On aime un gagnant. Un perdant. Le reste? On les tasse.

Même quand ces gens-là pourraient amener de quoi de bon.

Et moi je pense que c’est là qu’on se trompe.

Ma perception de la politique? Tous les partis ont un peu raison. Et aux quatre ans, on choisit celle ou celui qui représente le mieux notre “raison” du moment.

Mais si on regardait la politique autrement? Pas comme une guerre de terrain, mais comme un travail collectif.

Peut-être qu’avec un peu moins de spectacle, pis un peu plus d’écoute, on aurait :

  • Plus de candidatures solides
  • Moins de burnouts en coulisses
  • Et des projets qui avancent pour vrai

Parce que le but, c’est pas de gagner une chicane ou un débat. C’est que les citoyens sortent de là gagnants.

Et c’est pour ça que j’écris.

Pas pour revenir sur une affiche. Pas pour flatter les bons réseaux. Pas pour qu’on me redonne un siège à une table en carton.

J’écris pour dire ce que plusieurs pensent tout bas — ou n’osent plus dire. J’écris pour les autres non-invitées. Celles qu’on regarde de travers parce qu’elles dérangent. Celles qu’on écoute pas parce qu’elles sont franches. Celles qui ont des idées, mais pas les bons contacts.

Ben non.

Elle est de retour. Et cette fois, elle a un clavier au lieu d’un micro.

Sylvie Goneau — Ex-conseillère municipale et stratège en gouvernance. J’ai survécu aux coulisses de l’Hôtel de Ville et j’écris ce qu’on ne dit jamais dans les communiqués.

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